Interview de Matt dans The Guardian

Nous avons traduit pour vous l’interview de Matt dans The Guardian : ICI 
Matt nous parle du nouvel album, de politique et de sa vie à LA.

Alors que Muse se prépare à sortir son 9eme album, Matt Bellamy nous parle du retour de ses préoccupations envers la société, de son ancienne croyance dans les théories conspirationnistes et de sa recherche d’espoir tout en vivant dangereusement à LA.

Il y a 4 ans , Matt venait d’abandonner son trône de rock star la plus préoccupée par la société. Dans les interviews de promotion de Simulation Theory, le chanteur était heureux de couper la télé et de trouver un échappatoire dans le virtuel. Cependant, voici un album basé sur la crise appelé Will of the People qui termine avec une chanson qui s’appelle « we are fucking fucked ». Que s’est il passé ? 

Matt rit très fort. La réponse facile est que les informations sont venues à lui. Il avait déjà prévu une année 2020 légère car sa femme allait accoucher et il voulait rester à la maison avec sa famille. Puis ce que vous savez est arrivé et il a été forcé de rester à la maison. Pendant la 1ère vague de la pandémie, le producteur de Muse Rich Costey, a donné les clefs de son studio à Santa Monica à Matt. « Rich voulait quitter LA, et moi je voulais rester là, au milieu de l’action »

 

Au travers des fenêtres du studio, Matt a observé plusieurs vagues de mécontentement. Pendant un mois, les rues sont vides, le mois d’après elles été patrouillées par des véhicules militaires pendant les manifestations du Black Lives Matter. « Si vous m’aviez demandé 6 mois plus tôt, j’aurais essayé de m’échapper de ces vieilles dystopies de société, mais là ça se passait devant mes yeux. Il y a des feu de forêts, une pandémie, des émeutes dans les rues et ma femme qui accouche à ce moment là. Tout s’est passé en même temps. Quand on prend du recul on se dit qu’on est foutu »

Matt vit la plupart du temps a LA pour rester proche de son fils mais il passe ses vacances à Londres et aimerait revenir y vivre un jour. « En revenant ici, on se rend compte qu’il n’y a pas d’énormes catastrophes naturelle. Et quoi qu’on puisse en penser, ici on a au moins un système de santé. Il y a des choses qu’on prend pour acquises. Parfois aux US, j’ai l’impression que c’est Mad Max 2. On dirait qu’on est a deux doigt du chaos total »

Matt a du évacuer 2 fois sa maison à LA à cause des feux de forêts dont un a brulé son jardin et des maisons de ses voisins. « LA est un endroit dangereux. Il peut y avoir un énorme tremblement de terre très prochainement. Et il y a pourtant des gens qui arrivent la bas avec des concepts fous. Ça amplifie le fait de vivre avec une arme à double tranchant. »

Matt n’a pas changé malgré ses 12 ans passé à LA. Il est physiquement le même avec le même sens de l’humour. Il passe inaperçu dans le pub où nous faisons cette interview. Il dit qu’on ne le reconnait pas plus d’une fois par jour et ça lui convient très bien. « Avec mon ex femme, j’était dans une célébrité différente. Ce n’était pas la mienne mais la sienne. C’est invasive et agressif, ça change comment on organise sa journée »

Photography: Nick Fancher
Art Direction: Jesse Lee Stout + MUSE

Matt est un introverti dans un métier de personne extravertie. Il a du grandir dans le métier. « j’étais plus du genre à regarder mes chaussures et rester sur le côté. Je ne bougeait pas, je ne regardais pas le public » Après quelques années, il s’est rendu compte que plus il se mettait en scène, plus les gens aimaient ça. Et également, plus immense devenait leur musique et leurs concerts aussi.

Will of the people a deux significations : c’est aussi donner aux gens ce qu’ils veulent. Quand leur label leur a demandé un album de leur plus grand hits, Muse ont répliqué avec des tous les genre de leur carrière mais avec des nouvelles chansons. « Ça fait un peu fin de carrière de faire un best of, et on a pas assez de hits. Nous ne sommes pas un groupe de pop »

Matt est actuellement en train de penser leur prochaine grande tournée. En ce qui concerne les concerts, Muse sont connus pour arriver avec des robots, acrobates, pyramide d’écrans, des drones… Même si il a parlé de faire moins, peut être acoustique ou électronique, il faut quand même faire une mise en scène. «  Nos concerts sont tellement drôles, je peux même pas tout raconter. Il y a des effets de lumières, des foules immenses, les gens chantent, on a toujours envie de refaire la même chose. C’est comme jouer au foot et gagner tous les soirs » Un jour on en aura marre des tournées mondiale et on fera autre chose. Mais pas pour le moment.

Les concept des albums sont souvent politiques : populisme, crise du climat, guerre. Uprising est probablement la chanson rock la plus connue qui évoque la protestation. Pourtant, Muse sont souvent oubliés quand il s’agit de politique dans le monde de la musique et ce, peut être parce que Matt utilise les films, jeux vidéos et BD pour en parler. Matt n’est pas d’accord et nous dit que souvent il a deux réactions : « la première : qui es tu pour parler de ça, prend ta guitare et dégage. La deuxième c’est que les gens n’ont pas juste pas envie d’en parler »

Ayant grandi dans le Devon, Matt ne se souvient pas s’être préoccupé de l’état du Monde plus jeune, au moins jusqu’au divorce de ses parents et la chute financière de son père. « Je crois que mon cerveau a été manipulé par Stranger Things et j’ai l’impression que notre enfance ressemblait à ça. J’ai vu tellement de nostalgie des années 80, que je ne sais plus ce qui est réel ou pas à propos de cette époque »

Sa connaissance de la politique, il l’a construite seule et il est humble concernant ses erreurs. «  Je ne suis pas un penseur entrainé. J’ai fait des erreurs communes, comme les théories conspirationniste. »

A la fin des années 2000, Matt a commencé à se pencher plus sérieusement sur le fonctionnement du monde. « Je suis sorti de mon ignorance et j’ai essayé de comprendre au mieux. Je me suis éloigné des charlatans ». Les théories du complots ne sont plus sans dangers. La pandémie a exposé et intensifié la paranoïa de certains artistes. En tant qu’ancien pro théorie du complot, est que Matt peut expliquer le phénomène ? 

« Oui, c’est déjà une manière de s’évader des vrais problèmes. Ça donne l’impression d’être engagé sur certains sujets. En termes de psychologie, ça réconforte de se dire que ce sont des gens responsables de tout, parce que la réalité est bien plus effrayante : ce ne sont pas d’autres gens qui sont responsables de tout ça , c’est juste le chaos total »

Parfois, certains titres de Muse comme The Résistance, on été mal interprétés. Il y a 10 ans, Matt a du instaurer une distance avec les fan de Glenn Beck de Fox News qui lui a dit «  Même si ça ne vous met pas à l’aise, je continuerai à mettre vos chansons. Merci de chanter ces mots qui explique la difficulté de l’homme a être libre » (note de muse France : Glenn Beck est un journaliste politique, anti communisme et conservateur) 

Matt semble un peu abattu quand je lui dit que les conspirationnistes vont sauter sur l’occasion quand ils entendront parler du Grand reset dans la chanson Ghosts. La chanson parle cependant de ceux qui ont perdus des proches lors de la pandémie. Je me demande ce qui inquiète le plus Matt Bellamy dans le monde.

« L’énorme inégalité des richesses, la grande division politique, et la dette. Tout ça montre la fin d’un empire. Je pense que les occidentaux ressente un besoin de changement du système. Ce qui me préoccupe, c’est que ça n’arrivera pas. Le pire scénario c’est l’émergence des extrêmes et une révolution qui termine comme un cauchemar de Georges Orwell ou un chaos absolu comme une guerre civile et des pays comme la Chine qui en tire un avantage. Tout empire a une fin. L’addition de toutes ces peurs c’est la guerre mondiale. Travailler sur comment éviter ça devient plus dur que d’imaginer que ça arrive vraiment »

PHOTO FRANCOIS DESTOC / LE TELEGRAMME CARHAIX (29) : Festival des Vieilles Charrues concert de Muse 2015

Comme l’indique le titre de la chanson Apocalypse Please, Matt se délectait avant des catastrophes. Maintenant que le monde est vraiment en train de devenir une catastrophe, il est plus intéressé par des solutions. Il passe beaucoup de temps dans la Silicon Valley, investissant dans des start ups, surtout dans les énergies vertes. Les jeunes entrepreneurs idéalistes sont les gens qu’il préfère. « Ça me rend optimiste. Quand on entend leur idées et leur vision du futur, ça donne l’espoir que beaucoup des plus gros problèmes que nous affrontons peuvent être résolus » 

Est ce que Elon Musk est un Matt Bellamy inversé ? Un mec dans la Technology qui voudrait être une star ? « C’est rigolo. Je ne suis pas sûr que la solution soit de trouver une autre planète pour y vivre. Je pense que trouver des moyens de sauver celle ci reste la priorité. Mais ça devrait aussi inclure notre protection contre les astéroïdes. Je suis un peu partagé » 

Matt se considère comment penchant à gauche politiquement mais il se définit comme méta centriste. « Je pense que j’ai inventé ce truc. Je suis sur qu’il y a des gens plus qualifié que moi qui pourront décrire ce que je veux dire. » L’idée est de combiner différentes idées des leaders politiques traditionnels.  La politique qu’il soutien est radicale mais pas infaisable ( abolition de la monarchie et de la Chambre des Lords, un gouvernement décentralisé, la décarbonisation, les impôts sur la valeur foncière, plafonner les tailles des entreprises). « existe t’il quelque chose entre 2 extrêmes ? Nous sommes coincés dans cet état d’esprit unidimensionnel sur ce qu’est la politique et de quel côté on est » 

« Muse a débuté une expression émotionnelle de peurs inconnues. Je ne sais pas pourquoi je ressens ça. Je dis et fais des choses et certaines ne pas claires, certaines sont bizarres et certaines sont stupides. Mais j’essaie avec le temps de comprendre ce que veulent dire ces émotions primaires et ce que je peux y faire. » 

En dehors de la musique, la version civile de Matt cherche des raisons de croire que nous ne sommes pas en réalité « fucking fucked ». «  J’en suis à un âge où je ne suis plus si émoustillé par les catastrophes »

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